La Maintenabilité, Réparabilité: définition, explication et exemple. Dit «Maintainability » et « Repairability » en Anglais, cette notion impacte directement votre capacité à assurer le Support de vos Produits. Méthodes d'Experts pour concevoir un Système réparable.
Voici les leviers que je considère de niveau «Expert» pour vous aider dans cette quête de la Réparabilité de votre Produit.
Pour les autres leviers, voir les articles sur les méthodes Intermédiaires et Simples.
Les exigences initiales de FMDS (RAMS en Anglais), dont la Maintenabilité, sont des exigences de Besoin. Elles sont donc exprimées par le Client, seul ou accompagné par l'industriel (vous). On peut aussi parler d'Objectifs FMDS.
Ce travail de collaboration est très important car d'une part le Client sait mieux que vous ce dont il a besoin, et d'autre part il ne sait peut-être pas l'exprimer sous forme d'exigences claires et éventuellement chiffrées.
Lors de cette collaboration/négociation, il faut aussi garder en tête que les RAMS doivent être exprimés en fonction des coûts induits dans le Projet. En effet, un effort RAMS est non négligeable dans la mise au monde d'un Produit. Cela vient avec des coûts dédiés et potentiellement élevés. Il faut que tout le monde (client, fournisseur) en ait conscience et adapte le degrés d’effort en fonction du budget autorisé.
La Maintenance préventive (qu’elle soit systématique, conditionnelle ou prévisionnelle) n’est pas de la magie.
Soit elle se planifie sur la base de l’expérience (aidée par des AMDEC, FTA etc. pour détecter ce qui pourrait mal se passer et casser). C’est la maintenance Systématique : « on pense que tous les 2 ans il est bon de changer telle pièce du fait de notre Analyse de Risques ».
Soit elle se planifie sur la base des informations remontées par les capteurs sur les conditions de fonctionnement du Produit, et dès que des conditions sont reconnues comme délétères, on intervient avant la panne. C’est le cas des maintenances Conditionnelle et Prévisionnelle : « quand la température de tel élément ne descend pas en dessous de X°C pendant 2h d’affilée de fonctionnement ET que telle vanne a du mal à se fermer ALORS le Produit ne va pas tarder à dysfonctionner ».
Pour ce qui est de la maintenance aidée par capteurs embarqués, les cas délétères peuvent se détecter de 2 façons :
Ce dernier point nécessite des données d’entraînement et donc déjà un certain vécu. Une fois cette expérience engrangée et capitalisée proprement pour alimenter ces modèles, il s’agit d’une grande opportunité apportée par l’IoT.
Les sorties de ces analyses ML peuvent être envoyée au Fabricant du Produit, voire au client directement ! Intelligence Artificielle nous voilà !
L’obsolescence d’un produit provient de plusieurs sources.
Il y a tout d’abord l’obsolescence normative.
Exemple : votre Produit est marqué CE, vous pouvez le mettre sur le marché et le vendre au sein de l’UE. Top ! Un jour, une norme change (elle évolue d'une version 14.2.3 à 14.3.0). Votre dossier de marquage devient alors peut-être caduque car cette norme que vous avez suivie pour prouver la conformité de votre Produit à la réglementation a évolué et ne présume donc peut-être plus de cette conformité.
Il s’agit alors de considérer la nouvelle norme : qu’est-ce qui a changé ?
Cas facile : le paragraphe modifié ne vous concerne pas. Vous pouvez changer le numéro de version de la norme dans votre dossier de marquage, le renvoyer éventuellement à l’organisme qui va bien et en rester là. Votre Produit peut toujours être vendu tel quel dans l’Union Européenne.
Cas plus engageant : le paragraphe modifié vous concerne et décrit un test que votre Système doit subir pour valider qu’il est bien dans les clous de la réglementation. Il y a une chance que vous ayez à repasser ce test (et donc payer un laboratoire et toute la logistique associée). Imaginez maintenant que votre Produit ne réussisse pas ce nouveau test… ! Vous allez devoir le modifier !
Ensuite, vient l’obsolescence technique.
La technologie évolue, et les Produits aussi.
Exemples :
Dans tous les cas, une modification de votre Système ou de vos règles de conceptions est à prévoir pour la suite de la Série de votre Produit, ou vos Produits futurs.
Tout ceci doit être pris en compte si on veut maintenir le niveau de service du Produit tout au long de sa vie. C’est donc aussi une problématique de Maintenance et donc de Maintenabilité.
NOTA : On parle parfois en Anglais d’Overhaul, dans le concept de MRO. L’overhaul peut aussi désigner la Maintenance Évolutive.
Toutes modifications que vous opérez sur votre Produit (gestion d’obsolescence, maintenance évolutive, maintenance corrective, mise à jour de manuels etc.) doivent se faire de manière maîtrisée.
Il y a un double enjeu :
J’en parle dans mon article sur la phase Support au sein du Cycle en V hybride. J’aborde notamment le Système FRACAS (Failure Report, Analysis, Corrective Action System), très utile pour le Change Control.
Déléguer à ses clients la maintenance de niveau 1 est toujours une bonne idée pour l’autonomiser et augmenter sa satisfaction in fine.
Cela implique (vous me voyez venir...) qu’il faut y penser dès la conception de son Système !
Exemple :
Une Société se doit de tout capitaliser. Cette accumulation d’informations Métiers, rangées dans une base de données structurée et accessible par tous les collaborateur, est l’une des clés de la pérennisation du Savoir et de la construction sur des acquis solides pour progresser.
La Maintenabilité/Réparabilité d’un Produit n’échappe pas à cette règle !
Capitaliser le retex de ce qui a marché ou pas dans les activités de Maintenabilité, ou dans la Fiabilité du Produit --> Apprendre de ses erreurs et mettre en place des bonnes pratiques → Faire mieux la fois d’après.
Quand capitaliser ces données ?
A tout moment ! Si vous souhaitez ritualiser cela au sein d’un process interne, une bonne idée est de faire cela lors des post mortem de projets, puis tous les ans au cours de la vie du produit.
Où capitaliser ces données ?
Selon votre organisation interne, cela peut être :
Cette expérience ne doit pas être perdue.
Maintenant que vous êtes des experts du sujet, sachez que le mot Mainteneur (que j’utilise allègrement dans mes articles) est un Anglicisme ! Cela provient de son équivalent Anglais « Maintainer ». Il est passé dans le langage courant mais c’est officiellement du jargon.
On devrait plutôt parler de… : Maintenancien, ou maintenancier, ou maintenanceur ! Cela reste des néologismes cela dit.
Et pour ce qui est de la Maintenance Assistée par Ordinateur (MAO) on parle de ... Maintenique !
A user et en abuser lors de vos prochains repas de Gala.
La Maintenabilité, ce n’est pas qu’une histoire de clé à molette et de graisse lubrifiante dans un garage. C’est aussi du logiciel, et de l‘intégration de capteurs dont les données sont traitées via Machine Learning.
Ne pas négliger la gestion d’obsolescence et le change control. Si vous avez l’ambition d'un produit qui soit utilisé pendant au moins 2 ans, alors des modifications de ce dernier (voulues ou subies) seront inévitables.
Sachez que désormais, les Etats veillent à la réparabilité des Produits. L’État Français a d’ailleurs créé un « Indice de Réparabilité », à afficher obligatoirement sur certains types de Produits. Cet indice sera remplacé en 2024 par un « Indice de Durabilité ».
C’était le dernier article sur la Réparabilité/Maintenabilité des Produits. J’espère que cela vous a plu ! N’hésitez pas à m’envoyer vos retours via le moyen de votre choix que vous trouverez en bas de page (LinkedIn, Twitter, Mail) !
Aurélien NARDINI
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